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Page:Philosophie anatomique. Monstruosités humaines (IA BIUSante 32837x02).pdf/513

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raison humaine vint-elle à reprendre le dessus, ce ne fut pas sans rester encore sous l’obsession de ces souvenirs. Chez nos pères, du temps d’Ambroise Paré, la naissance d’un monstre était considérée comme une calamité publique, faisant présager une guerre ou une famine ; et plus tard, quand on parvint à secouer tout-à-fait le joug de ces croyances fantastiques, ce fut toujours pour demeurer du moins persuadé que tant d’affreuses difformités resteraient à tout jamais placées hors de la portée de notre intelligence.

De cette conviction, où il parut que l’esprit vint comme se reposer, à s’accorder le champ le plus vaste pour les hypothèses, il n’y avait qu’un pas à faire ; et on le fit.

On admit comme possible, et l’on supposa que le caractère de la monstruosité était de toute éternité dans le germe, préexistant lui-même éternellement, et devant alors de toute nécessité se développer irrégulièrement. C’était noyer une question fort ardue, mais cependant circonscrite par de certaines limites, dans un océan infini de difficultés. Cette conséquence était inévitable dans la doctrine de l’évolution des germes, doctrine que j’avoue n’avoir jamais bien comprise. Ce n’est pas cependant qu’elle n’ait été long-temps et qu’elle ne soit encore de nos jours embrassée par de très-bons esprits.