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Page:Pichot - Monsieur de l'Etincelle, ou Arles et Paris, t. II, Gosselin, 1837.djvu/438

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rêveur ! Me voilà d’avance sérieux comme un mari… Ce n’est pas du reste qu’il y ait au fond de mon cœur quelque triste pressentiment, malgré le souvenir de ma pauvre tante… Non, il paraît que c’est l’approche du bonheur qui me cause cette douce mélancolie. J’en cherche vainement une autre explication. Il me semble qu’Isabelle est encore plus rêveuse que moi… Comme son embarras et sa pudeur la rendent belle quand madame Duravel lui en fait l’observation !…

» J’hésite à te parler de madame de l’Étincelle. Je crois que je l’aurais trouvée moins bien si elle portait le premier nom de mon oncle…… mais je te l’avoue, bonne mère, cette belle Dolorès a dans toute sa personne je ne sais quel attrait qui commande à la fois le respect et l’affection. J’étais là ce matin lorsque mon oncle lui a amené Isabelle… Elles se sont embrassées en pleurant sans se rien dire, et mon oncle a fondu lui-même en larmes. Quand ce silence touchant a été enfin rompu, pas un mot d’Odille ! mais son nom était comme sous-entendu dans toutes les phrases de la conversation…

» D’aujourd’hui en quinze jours, ma bonne mère, nous partons ; avant trois semaines tu embrasseras ta fille et ton fils.

» P. S. J’ai reçu dans son temps la lettre de madame Farine la mère, au sujet de son fils. Je ne sais vraiment qu’y répondre : elle me demandait de bonne foi des renseignements que je ne pouvais lui donner de bonne foi, sans risquer de desservir un camarade. J’ai mieux fait, je crois, en décidant celui-ci à aller voir sa tante. Il part demain. Il était ici, à ce qu’il prétend, sur le point de faire fortune, et il fait un grand sacrifice à sa reconnaissance de neveu en partant. Sa fortune, inexplicable pour moi, consistait à fonder, par ac-