Aller au contenu

Page:Pierre Corrard - Par les Femmes, 1902.pdf/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
PAR LES FEMMES.

saires pour assurer la paix et le bon fonctionnement des affaires publiques. Je rêve enfin une monarchie honnête faisant un peuple heureux !

Victor, trop sincère lui-même pour soupçonner Jacques de ne pas l’être, secoua la tête : un sourire incrédule, quant au succès des opinions que venait d’émettre son adversaire, glissa sur ses lèvres.

— Tu te leurres, dit-il. Mais je ne veux pas — aujourd’hui du moins — discuter avec toi. Je sais ce qu’est une opinion politique, et que, quand elle est enracinée, rien ne saurait l’arracher du sol où elle a pris naissance. Il me suffit de savoir, pour ne pas te considérer comme un ennemi et te tendre la main, que tu te proposes le salut du peuple.

— Le salut du peuple, répétait Jacques, l’air inspiré, les yeux perdus dans le vague, le salut du peuple, oui, voilà mon ambition, toute mon ambition désormais. Ce ne sera pas alors seulement une bonne, une grande action que j’aurai faite : j’aurai racheté tout le mal que j’ai commis. Quelle joie pour moi, ce jour-là ! Car tu ne sais pas, tu ne peux pas savoir, mon cher Victor, combien je souffre d’être ce que je suis ! Rompre avec