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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/187

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LE RÔLE DE L’ÉTAT

Le relèvement économique de la Belgique après brumaire a donc pour cause essentielle l’énergie nationale. C’est parce qu’elle est restée intacte qu’elle a pu s’adapter tout de suite au changement de l’ordre politique et de l’ordre social, comme au changement du marché. Sans doute le gouvernement n’a pas laissé de l’y aider. On sait que le Consulat et l’Empire, reprenant pour leur compte la tradition du mercantilisme et du despotisme éclairé, ont prodigué leurs faveurs au commerce, à l’industrie, à l’agriculture. Les départements réunis en ont ressenti, comme le reste de la France, les heureux effets. L’organisation d’expositions industrielles, les primes accordées aux fabricants et aux inventeurs, l’ouverture de crédits aux entrepreneurs de manufactures nouvelles, la législation sur les brevets, la protection officielle des sociétés d’agriculture, l’institution des chambres de commerce, la sollicitude des préfets à encourager dans tous les domaines les initiatives utiles et les applications des découvertes scientifiques à l’industrie, l’introduction enfin du système métrique pour les monnaies, les poids et les mesures ont exercé une influence salutaire mais qu’il convient pourtant de ne pas exagérer. Elles ont accéléré l’impulsion ; elles ne l’ont pas provoquée. Au surplus, elles ont plutôt créé des conditions favorables au développement industriel qu’elles ne l’ont doté de ressources et de moyens d’action. La guerre mettait trop largement le trésor à contribution pour qu’il fût possible d’en détourner des sommes bien considérables. À tout prendre, les subventions aux entreprises privées furent toujours assez maigres.

On constate surtout avec étonnement l’abstention presque complète de l’État en matière de travaux publics. Malgré l’institution du corps des ponts et chaussées (25 août 1804), la période française ne peut à cet égard soutenir la comparaison avec la période autrichienne. Tandis que l’outillage économique du pays s’est accru d’une manière si remarquable durant la seconde, c’est à peine s’il s’est amélioré au cours de la première. De 1795 à 1814, le réseau routier de la Belgique, qui était de 450 kilomètres, ne s’est accru que de 38 kilomètres. Quant aux voies navigables, on ne peut signaler