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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/329

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LES ÉDITS DE JUIN 1825

il va entamer la lutte, il confie la direction de l’enseignement à laquelle jusqu’alors il n’avait appelé que des protestants, à un catholique belge : van Gobbelschroy. Ce nouveau titulaire appartient d’ailleurs et nécessairement aux tendances joséphistes. Catholique, il l’est sans doute, mais c’est un catholique d’État, et cela suffit pour que sa nomination excite précisément les soupçons qu’elle est destinée à dissiper.

Le 25 juillet 1822, un arrêté avait subordonné les fonctions d’instituteur primaire dans les écoles communales des provinces méridionales à l’octroi d’une autorisation officielle. Le 1er février 1824, cette autorisation était imposée aux associations civiles ou religieuses vouées à l’instruction publique. Le 11 du même mois, un autre arrêté soumettait les écoles congréganistes à la loi commune, en déclarant que personne ne pourrait être reçu membre d’une corporation enseignante s’il n’était pourvu d’un brevet de capacité. Ainsi, le pouvoir de désigner à sa guise les maîtres de l’enfance était enlevé à l’autorité ecclésiastique. L’État, considérant l’instruction comme un service public, revendiquait pour lui seul la compétence d’apprécier la capacité des instituteurs. L’obligation du brevet lui permettait en outre de connaître la nationalité de ceux-ci. Il en profita pour faire reconduire à la frontière les frères ignorantins d’origine française qui, durant les dernières années, s’étaient largement répandus dans les provinces wallonnes.

Ces premières mesures du gouvernement ne sont que le prodrome de celles qu’imposèrent les arrêtés du 14 juin 1825. Leur but est de faire passer sous le contrôle officiel tous les établissements d’enseignement secondaire dans lesquels se forment les jeunes gens destinés aux professions libérales et à la cléricature. C’est par ces établissements, en effet, dont la plupart sont des collèges religieux, que l’Église maintient sous son influence la bourgeoisie catholique, et c’est chez eux qu’elle recrute les élèves de ses séminaires. Pour lui enlever la direction de l’esprit public, pour combattre les principes ultramontains, pour fonder une instruction vraiment nationale, c’est donc là qu’il importe avant tout de restreindre la liberté dont