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Page:Pirenne – Histoire de Belgique – Tome 6.djvu/429

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LA RETRAITE DES HOLLANDAIS

des combattants. Les nouvelles reçues de l’extérieur contribuaient encore à l’exaltation des Belges. On apprenait que le général Cort-Heiligers, venant de Maestricht à la rescousse du prince, harcelé par les paysans, repoussé de Louvain, trouvant Tirlemont en état de défense, errait aux environs de Wavre. Ses troupes désemparées ne rallièrent Bruxelles que le 27 et n’y renforcèrent que la démoralisation de l’armée.

Ainsi, les défenseurs de la capitale se sentaient soutenus par tout le pays. Leur victoire n’était plus qu’une question d’heures. Les Hollandais ne s’en rendaient que trop bien compte. L’indiscipline se mettait dans leurs rangs ; les officiers ne pouvaient empêcher le pillage des hôtels qui le long de la rue Ducale bordaient les derrières du Parc. Il était évident qu’à s’obstiner à tenir cette armée impuissante sous le feu de l’ennemi on risquait de la voir se débander. Ce risque était d’autant plus grand que l’audace et la force des agresseurs s’affirmaient davantage. Leur résolution de s’emparer du Parc de haute lutte était visible. Le 26 septembre, ils avaient dirigé contre lui une furieuse attaque. Sauf Constant Rebecque, tous les généraux étaient d’accord sur l’inutilité de prolonger le combat. Le prince désespéré se laissa convaincre. Sous le couvert de l’obscurité, l’armée décampa le 27, entre trois et quatre heures du matin. Au lever du soleil, lorsque les tirailleurs, étonnés du silence qui répondait à leurs coups de fusil se glissèrent dans le Parc, il était vide.

L’échec des Hollandais s’explique certainement, en grande partie, par l’imprudence de leurs chefs, leur ignorance de l’état réel des esprits, la gaucherie de leurs manœuvres et la mauvaise qualité de leurs troupes. Il leur eût été facile de bloquer Bruxelles en occupant les routes par lesquelles ne cessèrent d’y arriver les vivres et les renforts. Isolés et affamés, ses défenseurs eussent été infailliblement contraints de déposer les armes. Permettre à la Belgique de collaborer à la défense de sa capitale, c’était rendre celle-ci imprenable, c’était aussi donner à la lutte ce caractère national qui s’y atteste d’une façon si frappante. Les volontaires des provinces, dont le sang mêlé à celui des Bruxellois coula sur la barricade de la Place Royale,