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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/179

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NOTICE

rapport très étroit avec la politique ? L’hypothèse de Charmide, légèrement modifiée, est donc reprise ici, parfois même avec des formules qui se rapprochent étrangement du modèle[1], mais elle est affirmée comme une conclusion ferme de la controverse.

La critique de la définition qui fait de la philosophie une sorte de culture générale et superficielle, n’est-elle pas encore une réminiscence du dialogue qui a pour titre Euthydème ? Ce dilettante, au goût délicat, paré d’un vernis de toutes les sciences, capable de suivre les explications des techniciens, comme d’apporter un avis non dépourvu de sens, ce rhéteur, en un mot, qui touche à tout avec mesure[2], mais ne se laisse absorber par rien, cet intellectuel de seconde zone, toujours inférieur aux hommes de métier et qui occupe en tout, même dans le domaine politique, le second ou le troisième rang[3], ne fait-il pas songer au joli portrait, d’une ironie si fine, qui clôt la farce géniale qu’est Euthydème ? Là également, Socrate raille ce demi-philosophe, demi-politicien, qui, situé aux confins de la philosophie et de la politique, touche à l’une et à l’autre de ces sciences avec mesure[4], mais ne se livre à aucune complètement. Aussi reste-t-il inférieur aux deux, et ambitionnant le premier rang, il n’occupe jamais que le troisième[5].


Date du dialogue.

La date extrême que l’on puisse assigner à cet écrit doit être l’époque d’Ératosthène[6], car il semble bien que le nom de pentathle

  1. Comparer Rivaux 138 a et Charmide 165 a, Rivaux 138 b et Charmide 167 a. Voir aussi les développements sur les différentes techniques et sur l’utilité de la philosophie ou de la sagesse, dans Rivaux 136 b-137 b et dans Charmide 170 c-171 d. — Pour l’assimilation de la sagesse d’une part, de l’autre de la philosophie avec la bonne administration de la maison ou de la cité, cf. Charmide 171 e, 172 d et Rivaux 138 b-fin.
  2. Rivaux 136 b.
  3. Rivaux 139 a.
  4. Euthydème, 305 d μετρίως μὲν γὰρ φιλοσοφίας ἔχειν, μετρίως δὲ πολιτικῶν
  5. Euthyd., 306 cκαὶ τρίτοι ὄντες τῇ ἀληθείᾳ ζητοῦσι πρῶτοι δοκεῖν εἶναι.
  6. Ératosthène naquit dans le premier quart du iiie siècle et mourut dans les premières années du second siècle, à 80 ans environ.