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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/180

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LES RIVAUX

décerné au savant géographe par des adversaires jaloux, fut emprunté aux Rivaux[1].

Certains critiques croient découvrir dans le dialogue des traces de polémique contre l’école aristotélicienne. D’après Brunnecke[2], toute la discussion sur la culture générale serait une satire du μέτριον, de la notion de mesure introduite par Aristote dans sa théorie de la vertu. Mal entendue, cette notion aurait été comprise comme une doctrine de la médiocrité et, pour ce fait, condamnée. De plus, le blâme si énergique formulé contre l’érudition, ne viserait-il pas des adversaires, ceux du Lycée évidemment, qui, à la suite de leur maître, s’adonnaient à des sciences si diverses[3] ?

L’intention polémique ne me semble pas évidente. Tels qu’ils sont exprimés, les développements sur l’inutilité d’une multitude de connaissances superficielles ou sur l’impossibilité d’acquérir un grand nombre de techniques, ne présentent rien de tellement personnel et ne sortent guère du domaine des banalités. Une docilité excessive à l’égard du modèle explique tout aussi bien le ton de la discussion. Du reste, les attaques contre la culture encyclopédique étaient un lieu commun utilisé par les différentes écoles. Platon, nous l’avons dit à propos du second Alcibiade, a plusieurs fois rabaissé la πολυμαθία, à l’exemple d’Héraclite, et Isocrate, se plaignant de ceux qui confondent la vraie philosophie avec l’inutile savoir des sophistes, se fait de celle-là une conception assez semblable à celle que nous lisons dans les Rivaux : « Ceux qui négligent les choses nécessaires et se plaisent aux hâbleries des sophistes, prétendent que c’est là philosopher ; ils dédaignent ceux qui travaillent à acquérir les sciences grâce auxquelles on pourra administrer convenablement ses propres biens et les affaires de la cité…[4] ».

On voit que l’auteur de notre dialogue ne pensait guère

  1. Cf. la notice de Suidas : διὰ δέ τὸ δευτερεύειν ἐν παντὶ εἴδει παιδείας τοῖς ἄκροις ἐγγίσασι [ἐγγίσαντα Meursius] τὰ βήματα [βῆτα et om. τὰ Meursius] ἐπεκλήθη. οἱ δὲ καὶ δεύτερον ἢ νέον Πλάτωνα· ἄλλοι, Πένταθρλον ἐκάλεσαν.
  2. De Alcibiade II qui fertur Platonis.
  3. Guill. Werner, De Anterastis dialogo pseudo-platonico, Darmstadt, 1912.
  4. Antidosis, 26, 27.