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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/281

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NOTICE

est un dont on mentionne les discours protreptiques, c’est Antisthène. Diogène Laërce signale trois dissertations de ce genre sur la justice et le courage (VI, 16). Ce même Antisthène fut également le disciple de Gorgias et Diogène nous dit expressément que la manière du grand sophiste fut copiée par son élève et qu’on la reconnaît notamment dans le discours de la Vérité et dans les Protreptiques[1]. Serait-il téméraire de penser que ces Exhortations composées dans le style de Gorgias servirent de type à l’auteur du Clitophon ? Quand, de par ailleurs, on songe à l’antagonisme de Platon et d’Antisthène, on est encore porté à rapprocher Platon et l’auteur du petit dialogue. Conjectures, sans doute, mais ces conjectures reposent sur des indices qui favorisent, avouons-le, la thèse de l’authenticité.


La date du
Clitophon.

Si cet ouvrage est de Platon, il resterait à se demander à quelle époque il fut écrit. Est-il complet ? Tel quel, il forme assurément un tout assez organisé. Il semblerait cependant, d’après la conclusion, qu’on doive attendre une réponse de Socrate à l’attaque de Clitophon. Ce dernier la réclame ; il indique même dans quel sens il faut l’orienter (410 d-e). Peut-être, dans ce cas, Platon ayant jugé sa critique trop impétueuse et craignant de ternir la mémoire sacrée du vrai Socrate auprès d’esprits moins avisés, renonça à terminer et à publier son œuvre et la remplaça par la République. Mais même si le dialogue est achevé et si l’auteur n’avait pas l’intention de lui donner un complément, nous pouvons encore, me semble-t-il, le considérer comme une introduction à la République. Avant d’exposer sa doctrine de la justice et d’en développer la vraie signification, Platon aurait d’abord déblayé le terrain en discréditant sous une forme humoristique les conceptions courantes et superficielles que certains milieux vulgarisaient comme conceptions socratiques. Plusieurs critiques, je le sais, ne veulent pas, dans la chronologie des dialogues, assigner cette place au Clitophon, et leur principale objection est le style de cet écrit. C. Ritter plaide

  1. VI, 1, Οὕτος κατ’ ἀρχὰς μὲν ἤκουσε Γοργίου τοῦ ῥήτορος· ὅθεν τὸ ῥητορικὸν εἶδος ἐν τοῖς διαλόγοις ἐπιφέρει καὶ μάλιστα ἐν τῇ Ἀληθείᾳ καὶ τοῖς Προτρεπτικοῖς.