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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/282

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CLITOPHON

même contre l’authenticité, sous prétexte que, d’une part, les idées font songer aux œuvres de jeunesse de Platon, de l’autre la langue rappelle étonnamment celle des derniers dialogues[1]. Brünnecke tient aussi pour une date plus tardive et croit que le dialogue doit être situé entre le Théétète et le Sophiste[2]. Dans le cas présent, l’argument stylistique ne me paraît pas conclure. Est-il possible, en effet, de tirer de ces quatre ou cinq pages des indices suffisamment clairs, étant donné surtout que la plus grande partie du morceau a été composée à l’aide de réminiscences étrangères et constitue un véritable pastiche ? Dès lors, le fait que l’on trouve 2 δῆλον ὡς, 2 σχεδόν, 3 ὥσπερ, 4 καθάπερ, etc…, est-il tellement significatif[3] ?


Conclusion.

Ni les idées, ni la construction du dialogue ne semblent donc s’opposer à la thèse de l’authenticité. Du reste, la présence dans le corpus platonicum d’un écrit qui, au premier aspect, pouvait paraître si scandaleux, puisque, contrairement aux autres ouvrages platoniciens, il revêtait une forme anti-socratique, — et cela, sans que jamais dans l’antiquité on n’ait soulevé contre lui quelque doute —, confirme certainement cette thèse. Alcibiade II, les Rivaux, la Lettre XII ont été tenus en suspicion ; il est à croire que le Clitophon, certainement plus énigmatique, aurait recueilli une fois ou l’autre pareille censure, si son origine n’eût été mieux établie. Pour ces motifs, nous nous rangeons de préférence avec ceux qui restituent le dialogue à Platon.

IV

LE TEXTE

L’édition présente a été établie d’après les manuscrits suivants :

  1. Untersuchungen über Plato, p. 93.
  2. op. cit., p. 473.
  3. Brünnecke voit aussi un indice de la date relativement tardive du Clitophon dans ce texte : πρὸς Θρασύμαχον πορεύσομαι καὶ ἄλλοσε ὅποι δύναμαι (410 c). Clitophon semblerait déjà convaincu de l’incapacité de Thrasymaque, et par conséquent cela suppose la République (l. c. p. 463, n. 38). N’est-ce pas interpréter le καὶ ἄλλοσε… avec beaucoup trop d’ingéniosité ?