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Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome XIII, 2.djvu/97

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NOTICE

Je ne pense pas non plus que la rencontre des textes à propos de « l’âge d’or » dénote une intention polémique contre la Constitution d’Athènes. L’auteur d’Hipparque et Aristote ne font, l’un et l’autre, que rapporter la même tradition[1]. En fait, c’est très probablement le règne d’Hippias que flétrit ainsi cette tradition. Mais comme Aristote ignore complètement la tyrannie d’Hipparque et, conformément à la version de Thucydide, voit en Hippias le successeur de Pisistrate, il restreint l’âge d’or au gouvernement de ce dernier. Le pseudo-Platon, au contraire, fait d’Hipparque l’héritier du pouvoir. Il est donc naturel qu’il étende à son régime les bienfaits de l’époque précédente, puisque seules les années d’Hippias avaient été défavorablement jugées. Tous deux interprètent à leur manière les récits qui circulent, mais rien ne permet de supposer que l’un se réfère à l’autre.


3. On serait plutôt tenté de regarder Hipparque comme l’œuvre de quelque socratique. De nombreux écrits, on le sait, parurent à la fin du ve siècle et durant la première moitié du ive, sous le nom de plusieurs disciples de Socrate. Diogène-Laërce publie les titres d’un grand nombre de dialogues attribués à Eschine, Aristippe, Antisthène, Phédon, Euclide, Criton, Simon… On trouve même un περὶ φιλοκερδοῦς parmi les œuvres de ce dernier[2]. Ce n’est pourtant pas une raison suffisante pour désigner le cordonnier Simon comme l’auteur d’Hipparque, ainsi que le fait Boeckh[3]. Bien des dialogues portant le même nom ont été composés par divers auteurs. On connaît plusieurs Axiochos, plusieurs περὶ νόμου… Il se peut qu’il y ait eu aussi plusieurs περὶ κέρδους. Du reste, l’existence même de ce Simon a été mise en doute, non sans quelque vraisemblance. Wilamowitz-Mœllendorff croit avoir démontré que le personnage de Simon, disciple de Socrate et auteur d’un certain nombre d’ouvrages, aurait été imaginé de toute pièce à l’aide d’un dialogue de Phédon intitulé Simon et d’écrits ayant pour titre σκυτικοὶ λόγοι[4].

  1. Cf. Hipparque, 229 b, καὶ πάντων ἂν τῶν παλαιῶν ἤκουσας… et Constitution d’Athènes XVI, 7, διὸ καὶ πολλὰ κλέ[α ἐ]θρ[ύλλο]υν
  2. Diogène, II, 123.
  3. Op. cit., p. 43 et suiv.
  4. Platon Ι, p. 101 et suiv., Hermès 14, 187. — Cf. Diogène, II, 105.