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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/234

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LIVRE PREMIER.


cela n’a point de rapport à la qualité ; si c’est en tant que chaque chose est belle ou laide, quand on la considère avec la forme du sujet, il y a là une raison.

Enfin, rude et uni, rare et dense[1] ne sauraient être appelés des qualités : car rude et uni, rare et dense, ne consistent pas seulement dans un éloignement ou un rapprochement relatif des parties d’un corps, ne proviennent pas partout de l’inégalité ou de l’égalité de la position ; si ces choses en proviennent, on peut les regarder comme des qualités. En étudiant la nature de la légèreté et de la pesanteur, on saura également où il faut les placer. La légèreté est d’ailleurs un homonyme, à moins qu’on ne la fasse consister dans une diminution de poids. Dans cette même classe on trouve encore la maigreur et la ténuité, qui forment une espèce différente des quatre précédentes.

XII. Si l’on pense qu’il ne faut pas diviser de cette manière la qualité, comment la diviserat-on ? Convient-il de distinguer d’abord les qualités de l’âme et celles du corps, puis de diviser les qualités du corps d’après les sens en les rapportant à la vue, à l’ouïe, au goût, à l’odorat, au tact[2] ?

D’abord, comment divisera-t-on les qualités de l’âme ? Rapportera-t-on celles-ci à la Concupiscence, celles-là à la Colère, les autres à la Raison ? Les divisera-t-on d’après les opérations qui leur sont conformes et dont elles sont les causes, ou bien d’après leur caractère utile ou nuisible,

  1. « Rare et dense, rude et uni, sont des mots qui semblent indiquer encore une qualité ; mais toutes ces choses semblent sortir en réalité des divisions de la qualité : car ces mots expriment plutôt la situation que peuvent avoir les parties d’un corps. Dense s’emploie quand ces parties sont rapprochées les unes des autres ; rare, quand elles sont éloignées ; uni, quand elles sont disposées en ligne plane ; rude, quand au contraire l’une est élevée et l’autre déprimée. » (Aristote, Catégories, II, ch. viii, § 15, trad. fr., p. 101.)
  2. La théorie exposée par Plotin dans le § 12 est citée et discutée par Simplicius dans son Commentaire des Catégories, folio 69, e, et fol. 70, a-g.