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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/335

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SIXIÈME ENNÉADE.

n’est pas composé de trois lignes simplement, mais de trois lignes disposées de telle manière ? Mais le quadrilatère aussi est formé de quatre lignes disposées de telle manière. [Or, être formée de lignes disposées de telle manière n’empêche pas une figure d’être une quantité.] La ligne droite en effet est disposée de telle manière et n’en est pas moins une quantité. Or si la ligne droite n’est pas simplement une quantité, pourquoi ne dirait-on pas aussi de la ligne limitée qu’elle n’est pas simplement une quantité : car la limite de la ligne est le point, et le point n’appartient pas à un autre genre que la ligne. Il en résulte que la surface limitée est aussi une quantité, puisqu’elle est limitée par des lignes, qui appartiennent encore plus à la quantité. Si donc la surface limitée est dans le genre de la quantité, que cette surface soit un triangle, un quadrilatère, un hexagone ou un autre polygone, toutes les figures appartiennent au genre de la quantité. Mais si, parce que nous disons tel triangle, tel quadrilatère, nous placions le triangle et le quadrilatère dans le genre de la qualité, rien n’empêcherait qu’une même chose ne fût placée à la fois dans plusieurs catégories : en tant qu’un triangle est une grandeur et est telle grandeur, il serait compris dans le genre de la quantité ; en tant qu’il a telle forme, il serait compris dans le genre de la qualité. On en dirait autant du triangle en soi, parce qu’il a telle forme, de la sphère en soi, parce qu’elle a telle figure. Si l’on suivait cette marche, on arriverait à cette conséquence que la géométrie, au lieu d’étudier les grandeurs, étudierait les qualités. Or cela est inadmissible : car la géométrie s’occupe des grandeurs. Les différences qui existent entre les grandeurs ne leur ôtent pas la propriété d’être des grandeurs, comme les différences des essences ne les empêchent pas d’être des essences. En outre, toute surface est limitée : car il ne saurait y avoir une surface infinie. Enfin, quand je considère une différence qui appartient à l’essence, je l’appelle différence