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Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/606

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LIVRE NEUVIÈME.

qui découle de lui, quand leur âme enfin se trouve dans l’état où elle était après avoir communiqué avec lui : alors ils peuvent le voir autant qu’il est visible de sa nature. Je le répète donc : si vous ne vous êtes pas déjà élevé jusque-là, c’est que vous en êtes encore éloigné soit par les obstacles dont nous avons parlé plus haut[1], soit par le défaut d’un enseignement qui vous ait appris la route à suivre et qui vous ait donné la foi aux choses divines. Dans tous les cas, vous ne devez vous en prendre qu’à vous-même ; vous n’avez pour être seul qu’à vous détacher de tout. Quant au manque de foi dans les raisonnements que l’on fait sur ce point, on y remédiera par les réflexions suivantes.

V. Quiconque s’imagine que les êtres sont gouvernés par la fortune et le hasard et dépendent de causes matérielles est très-éloigné de Dieu et de la conception de l’Un. Ce n’est pas à de tels hommes que nous nous adressons, mais à ceux qui admettent qu’il y a une autre nature que les corps, et qui s’élèvent au moins jusqu’à l’âme. Pour ceux-là, ils doivent s’appliquer à bien comprendre la nature de l’âme, apprendre, entre autres vérités, qu’elle procède de l’intelligence, et que c’est en participant à celle-ci par la raison qu’elle possède la vertu ; ils doivent ensuite reconnaître qu’il existe une intelligence supérieure à l’intelligence qui raisonne, c’est-à-dire à la raison discursive (νοῦς λογιστιϰός (nous logistikos)), que les raisonnements impliquent un intervalle [entre les notions] et un mouvement [par lequel l’âme parcourt cet intervalle], que les connaissances scientifiques sont aussi des raisons de la même nature [des notions rationnelles], des raisons propres à l’âme, mais qui sont devenues claires, parce qu’à l’âme s’est ajoutée l’intelligence qui est la source des connaissances scientifiques. Par l’intelligence [qui lui appartient], l’âme voit l’Intellect divin,

  1. Voy. ci-dessus § 3, p. 540-541.