Aller au contenu

Page:Plotin - Ennéades, t. III.djvu/714

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
653
SAINT BASILE.

à vaincre une fois qu’on les a adoucies ; de même la concupiscence, la colère, la crainte, le chagrin, ces monstres qui infectent l’âme de leur poison, une fois que le repos les a adoucis et que la contrainte ne les irrite plus, sont plus facilement vaincus par la raison. Il faut donc habiter un lieu où, comme ici, l’on soit affranchi du commerce des hommes, afin que rien d’extérieur ne vienne interrompre les exercices religieux. Or l’exercice de la piété nourrit l’âme de pensées divines. Qu’y a-t-il de plus heureux que d’imiter sur la terre le chœur des anges ? Quand le jour se lève, on se met à prier et l’on honore le Créateur par ses hymnes et ses prières ; puis, quand le soleil brille de tout son éclat et qu’on se met à l’ouvrage, on mêle la prière à son travail et on l’assaisonne en quelque sorte par des hymnes : car les hymnes fournissent à l’âme des consolations qui lui procurent un état tranquille et plein de douceur.

Ainsi, le commencement de la purification de l’âme, c’est le calme, dans lequel notre langue ne parle pas des choses humaines, nos yeux ne considèrent pas les attraits et les proportions des corps, nos oreilles n’amollissent pas notre âme en écoutant des chants voluptueux ou des plaisanteries dont le charme est ce qu’il y a de plus dangereux pour elle. « En effet, l’âme qui n’est pas distraite par les objets extérieurs rentre en elle-même ; puis, par la connaissance d’elle-même, elle s’élève à la conception de Dieu. Illuminée par sa splendeur, elle arrive à oublier la nature elle-même. » L’âme alors ne s’inquiète plus ni de la nourriture ni des vêtements, mais, devenue étrangère aux soucis terrestres, elle applique toute son ardeur à acquérir les biens éternels. Ce qui l’occupe, c’est de pratiquer la tempérance, le courage, la justice, la prudence et les autres vertus qui, se rattachant à ces quatre espèces, règlent tous les actes de l’homme vertueux[1]. (Saint Basile, Lettre II ; t. III, p. 71-72, éd. Garnier.)


PLOTIN.

tourent ; elle ignorera toutes choses, d’abord par l’effet même de l’état dans lequel elle se trouvera, ensuite par l’absence de toute conception de formes ; elle ne saura même pas qu’elle s’applique à la contemplation de l’Un, qu’elle lui est unie ; puis, après être suffisamment demeurée avec lui, elle viendra révéler aux autres, si elle le peut, ce commerce céleste. » (Enn. VI, liv. IX, § 7 ; t. III, p. 552-553.)

  1. Voy. Plotin, Enn. I, liv. II.