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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/106

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la Grande Corniche, de Villefranche à Roquebrune. Nous nous arrêtons devant les magnifiques bougainvilliers Magenta qui tapissent les murs de Beaulieu. Nous courons sans programme et sans but à travers la campagne et cherchons à l’aventure les plus beaux sites des environs. Puis, je rentre à la villa pour dépouiller mon courrier, lire les télégrammes, donner les signatures ; et les journées passent avec une rapidité que depuis longtemps je ne leur ai plus connue. Parfois, nous recevons des amis à déjeuner ou à dîner, M. et Mme Millerand, M. G. Hanotaux, le comte Joseph Primoli, ce charmant Henry Roujon qui est venu soigner dans le Midi un mal impitoyable. Je comptais aussi sur Paul Révoil, délicieux compagnon de ma jeunesse et de mon âge mûr, être d’élite qui dans les ministères, au gouvernement général de l’Algérie, dans la diplomatie, a rendu des services éclatants, mais il se meurt, hélas ! sous les ombrages de Servanes, sans avoir, malgré tout, entièrement donné sa mesure.

Au milieu de ces occupations diverses, les unes douces, les autres tristes ou sévères, j’oublierais presque les violentes discussions politiques dont j’ai été naguère le témoin, si les échos de la campagne électorale ne venaient, de toutes parts, retentir à mes oreilles.

Avant mon retour à Paris, paraît dans le Times, le 16 avril, une lettre de M. Ernest Lavisse, dont l’éminent journaliste anglais M. Henry Wickham Steed a exposé la genèse dans ses Souvenirs1. Le directeur de l’École normale supérieure insiste, dans cette lettre, sur l’influence décisive que peut