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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/108

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M. Steed, j’en avais d’avance « sanctionné la publication ». C’est assez dire que, pas plus que l’historien français, pas plus que le journaliste anglais, le Président de la République ne nourrissait de desseins agressifs.

Huit jours avant les élections législatives, le dimanche 19 avril, nous quittons la villa d’Eze et revenons à Paris. Suivant une règle qu’ont observée tous mes prédécesseurs, j’ai dû me faire inscrire sur les listes électorales du quartier de l’Élysée et abandonner pour sept ans mon domicile politique de la Meuse. C’est à la mairie du VIIIe arrondissement et non plus à mon modeste hôtel de ville de Sampigny que j’aurai cette année à porter mon bulletin de vote. Mais dans la semaine qui précède le scrutin, j’ai d’abord d’autres devoirs à remplir. Le Roi et la Reine d’Angleterre arrivent mardi et nous allons voir se rouvrir une ère de réceptions et de cérémonies.

Le Conseil des ministres, qui ne s’est pas tenu depuis la séparation des Chambres, se réunit à l’Élysée dans la matinée du mardi 21. Suivant la formule consacrée, il expédie les affaires courantes. M. Noulens, ministre de la Guerre, propose, en outre, de maintenir en activité hors cadre le général Gallieni, qui vient d’atteindre la limite d’âge, mais qui, au cours d’une carrière glorieuse, a pacifié l’Afrique Occidentale française, débarrassé le Tonkin des pirates, soumis et organisé Madagascar. M. Noulens m’avait naguère entretenu de son intention, que j’avais chaudement approuvée. Le général d’Amade est nommé membre du Conseil supérieur de la Guerre, en remplacement du général Gallieni.

Avant l’arrivée du Roi d’Angleterre, M. Isvolsky