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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/109

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se hâte de me demander audience. D’ordre de son gouvernement, il vient, me dit-il, me prier d’insister auprès de Sa Majesté George V pour que l’Angleterre accepte de contracter avec l’Empire russe, sinon une alliance, qu’il reconnaît impossible, du moins des accords semblables à ceux qu’elle a passés avec nous. Je lui réponds que le Roi n’entreprendra certainement rien en dehors de son gouvernement, que M. Doumergue a l’intention de causer avec sir Ed. Grey et que je m’entretiendrai avec le Président du Conseil de ce que je pourrai dire au Roi.

À quatre heures, Mme Poincaré et moi, nous quittons l’Élysée dans la calèche de gala, qui est bien modeste en comparaison des carrosses britanniques, mais qui cependant ne fait pas trop mauvaise figure avec ses quatre beaux chevaux noirs attelés à la daumont. Le temps est très doux. Dans la clarté de cette après-midi printanière, Paris est une merveille de grâce et d’élégance. Le long des Champs-Élysées et de l’avenue du Bois, sous la verdure fraîche des ormes et des marronniers2, une foule compacte est déjà massée. Elle pousse des acclamations sur mon passage, mais il est visible qu’elle s’entraîne pour monter à un diapason plus élevé, lorsque nos hôtes défileront à leur tour.

Nous mettons pied à terre devant la petite gare de la porte Dauphine, où nous sommes reçus par les Présidents des Chambres et les ministres. À peine sommes-nous groupés sur le quai d’arrivée que la locomotive du train royal, toute pavoisée aux couleurs