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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/134

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tableau synthétique de l’histoire de la cité, j’énumère quelques-unes des initiatives les plus caractéristiques qu’ont prises les Lyonnais au profit de la civilisation et du progrès social. Massée sur la place des Terreaux, la foule me réclame au balcon de l’Hôtel de Ville, et je ne puis me dérober à l’une de ces comparutions forcées, où je me sens toujours assez gauche. Je retrouve les acclamations tout aussi vives, plus tard, au milieu de la nuit, lorsqu’après une soirée de gala, donnée au théâtre municipal, je viens chercher à la Préfecture un repos que je suis le seul, sans doute, à juger bien gagné.

Le lendemain matin, réception au Palais du Commerce et trop rapide visite au merveilleux Musée des Tissus, où l’on me remet, pour Mme Poincaré, de très beaux échantillons de l’industrie locale, poult de soie, velours, satins, crêpes et taffetas, toutes choses qui eussent scandalisé Sully, puisqu’il tenait la fabrication des étoffes de soie, non seulement pour une production trop luxueuse, mais pour une occupation « méditative, oisive et sédentaire ». Au Palais du Commerce lyonnais, comment être de l’avis de Sully ?

Bien au contraire, lorsque se termine le déjeuner de la Chambre de Commerce, dans la grande salle de la Bourse, je prononce quelques paroles qui sont de nature à troubler dans sa tombe le bon économe de Henri IV. « Si éprouvés, dis-je, qu’aient été, en ces dernières années, le marché des soies et le marché des étoffes, quelque répercussion qu’aient eue sur les affaires générales les événements qui ont si longtemps troublé l’Orient et inquiété l’Europe, votre, puissante industrie de la soierie a, non seulement traversé cette crise sans faiblir, mais