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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/49

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Moltke ; il y a renoncé sur la demande de la famille du maréchal ; mais, si la Russie obtient de la France un ajournement de l’emprunt ottoman, je ne doute pas que mon souverain ne mette le Gœben à la disposition de la flotte turque. »

Or, M. Gaston Doumergue n’a pas refusé l’emprunt sollicité par la Turquie ; il ne l’a pas indéfiniment ajourné ; il a seulement déclaré que le maintien de la paix dans le Levant était à nos yeux une question dominante et il a demandé à la Porte des garanties. En quoi cette attitude de sagesse peut-elle fournir prétexte à la cession du Gœben ? Et que signifient ces menaces sous condition ?


Mardi 27 janvier

Encore l’emprunt turc. De nouveaux télégrammes ont été échangés hier entre Constantinople et Paris. Le prince Saïd Halim, grand vizir, a donné à M.Boppe l’assurance que la Turquie n’avait aucune intention de déclarer la guerre à la Grèce, au moment où lui serait communiquée la décision prise par les grandes puissances sur l’attribution des îles. Il a ajouté qu’aucune dépense d’armement ne serait imputée sur l’emprunt négocié par Djavid Bey. M. Gaston Doumergue a répondu que le gouvernement de la République ne voulait ni décourager Djavid Bey ni prendre envers lui un engagement ferme, avant que les puissances se fussent mises d’accord sur la manière de faire respecter, dans la question des îles, leur volonté commune. La décision de l’Europe est maintenant acquise ; elle porte que doivent être remises à la Grèce, sauf trois exceptions, toutes les îles de la mer Égée qu’elle occupe actuellement. Seules, Tenedos, Imbros et Kastellorizo doivent rester à la Turquie. Des garanties seront