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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/64

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d’une notification immédiate à la Grèce et à la Turquie. M. Doumergue télégraphie à Londres que ces retards favorisent toutes les intrigues et encouragent toutes les résistances. Il estime que, si les puissances ne parviennent pas à s’entendre sur les moyens de faire prévaloir leurs volontés, elles doivent au moins commencer par les signifier nettement à Athènes et à Constantinople. Mais M. Paul Cambon pense que la Grèce répondra sans doute à cette notification par une demande de garantie, que la Turquie, de son côté, n’a probablement pas renoncé à ses prétentions sur Chio et Mitylène et que, si l’Europe ne se concerte pas d’avance sur les mesures à prendre en cas de difficultés, elle s’engagera dans une impasse.

Pauvre Europe ! Pendant qu’elle s’épuise ainsi, sans résultat, à essayer de régler, entre la Grèce et la Turquie, ce petit différend, d’où peut sortir un conflit général, l’Italie et l’Autriche, fortes de leurs anciens accords, se rapprochent insensiblement dans les affaires d’Albanie. Elles demandent à l’État nouveau-né, représenté par un gouvernement qui s’est improvisé à Vallona, un privilège pour une banque austro-italienne ; elles refusent, malgré les décisions de la conférence de Londres, de donner à cet établissement un caractère vraiment international ; elles consentent, à leurs risques et profits communs, une avance importante au prince de Wied que, dans le désir de plaire aux Empires du centre, l’Europe a désigné pour régner sur l’Albanie et qui compte aller prochainement à la recherche de son trône. Bref, Autriche et Italie éliminent peu à peu toutes les puissances pour faire de l’Albanie leur propre terrain d’expérience.

Entre temps, la Turquie attribue le commandement