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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/78

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leur demande le nombre de tonnes de charbon dont ils auront besoin en temps de guerre pour alimenter leurs usines. On paraît, en somme, préparer la mobilisation. M. Reinach insiste pour que le gouvernement fasse voter sans retard la loi sur les unités. M. Noulens, ajoute-t-il, avait promis à la Commission de l’armée d’en accepter la discussion avant le budget de la Guerre ; mais le ministre des Finances est intervenu et le ministre de la Guerre a cédé. Mon visiteur me prie d’attirer l’attention du Conseil sur l’importance de la question. Je le lui promets.

M. Doumergue a reçu de Saint-Pétersbourg un télégramme où notre nouvel ambassadeur, M. Maurice Paléologue, rend compte de l’audience que lui a donnée l’Empereur. Nicolas II a exprimé le souhait que la Triple-Entente pût quelque jour se transformer en Triple-Alliance. M. Paléologue, qui se rappelle toutes les conversations de M. Paul Cambon à Londres, celles de 1912 comme celles d’autrefois, a sagement répondu que, pour l’Angleterre, c’était un principe général, presque un dogme, de ne contracter aucune alliance, tant qu’un péril de guerre n’était pas imminent. Tout ce que la Russie pourrait chercher à obtenir du cabinet britannique, ce seraient des arrangements analogues à ceux que la France elle-même a passés avec l’Angleterre, c’est-à-dire des accords militaires défensifs, susceptibles d’être, en cas de menace de guerre, pris en considération par les gouvernements et, si les Parlements y consentaient, transformés en alliance. « Si Votre Majesté le désire, a conclu M. Paléologue, M. Doumergue ne se refuserait sans doute pas, à faire officiellement pressentir sir Ed. Grey ; et, dans le cas d’une