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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/79

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réponse favorable, M. le Président de la République consentirait peut-être aussi à parler au Roi George, qui doit venir bientôt à Paris. » L’Empereur a répondu : « Veuillez faire savoir à M. Doumergue et à M. Poincaré que je leur en serais reconnaissant. »


Vendredi 6 mars

M. Georges Clemenceau continue à me prodiguer, dans les deux premières colonnes de l’Homme libre, des amabilités compactes. Il m’accuse maintenant de conspirer contre le cabinet avec la complicité de MM. Briand, Barthou et Millerand. Comme il me semble que cette fois la plaisanterie dépasse un peu la mesure, j’écris au Président du Conseil : « Je ne sais si vous avez lu l’article que Clemenceau a publié hier dans l’Homme libre. Je n’ai pas, j’en suis sûr, à me défendre devant vous et vos collègues contre un reproche de déloyauté, qui est aussi absurde qu’odieux. J’ai, je crois, suffisamment prouvé à votre cabinet, non seulement que je suis incapable de manquer à aucun de mes devoirs constitutionnels, mais que, tout en conservant dans les conseils ma liberté de pensée et de langage, je suis toujours prêt à offrir aux ministres mon concours amical. Je ne redoute donc pas que ces attaques puissent produire le moindre effet sur votre esprit ou sur celui de vos collègues. Mais, dans les Chambres, il peut se trouver des personnes mal renseignées qui les prennent au sérieux. Clemenceau, après tout, n’est pas un simple journaliste; c’est un sénateur important ; c’est un ancien Président du Conseil ; c’est un de vos amis ; on peut s’imaginer qu’il est informé. J’ai mon opinion sur la campagne qu’il poursuit, et il se trompe fort, s’il