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Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 4, 1927.djvu/80

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croit qu’elle me décourage ou qu’elle me fera sortir de la voie droite. Mais, s’il la continue, je serai forcé de m’entendre avec vous pour trouver une combinaison qui dégage publiquement le Président de la République des soupçons injurieux qu’on veut faire peser sur lui et des responsabilités qu’on affecte de lui attribuer. Croyez, mon cher Président et ami, à mes meilleurs sentiments. » Je suis sûr, d’avance, que M. Doumergue saura, s’il le faut, remettre publiquement les choses au point.

Le général Joffre, chef d’État-major général; que j’ai convoqué avec l’assentiment du ministre de la Guerre, répond aux questions que je lui pose sur la loi des unités militaires. « Il serait, me dit-il, à désirer qu’elle fût votée pour le 1er avril. Si elle ne l’était pas, je ne prétends pas que ce serait funeste, je ne veux rien exagérer ; mais ce serait grave. Il manquerait quinze batteries de création nouvelle, soit un tiers de l’artillerie lourde, et l’on ne pourrait former les compagnies du génie prévues. » J’attire sur ce danger l’attention de M. Doumergue et de M. Noulens.


Samedi 7 mars

M. Doumergue vient me voir et me déclare, avec une netteté parfaite, qu’il est prêt à me couvrir en toutes circonstances et qu’il prononcera à cet effet, avant les élections législatives, des paroles catégoriques. Il croyait avoir apaisé M. Clemenceau ; il reconnaît qu’il a échoué. M. Clemenceau, en effet, est un homme que personne n’apaise, lorsqu’il ne veut pas s’apaiser.

M. Doumergue est d’accord avec M. Noulens et avec moi pour penser que la législation sur les cadres et les unités doit être votée avant la clôture