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Page:Pour lire en traîneau - nouvelles entraînantes.pdf/223

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Les uns cherchent dans la politique un dérivatif à leurs ennuis domestiques : tel le citoyen Lamiral, sonneur de cloches à Saint-Eustache, qui, en 1848, se recommandait aux électeurs en ces termes :

« Votez pour moi ! J’ai été trop malheureux en ménage pour ne pas être heureux en politique… »

Paris a connu dans ce genre le citoyen Théodore Jaudet, dont la proclamation débutait ainsi :

« Citoyens, je me présente avec une supériorité virile plus forte que jamais, malgré mes cinquante-quatre ans… »

Et Brive-la-Gaillarde (Corrèze) n’a point oublié, à coup sûr, Pradier-Bayard qui, de 1869 à 1885, se présenta, sans peur et sans reproche, à toutes les élections, avec un programme qui témoignait à souhait de la fougue et de l’originalité de son éloquence.

« Nommez et acclamez Pradier-Bayard, s’écriait-il c’est un rude à poil qui ne boude jamais dans la polygamie jumentalière de la dialectique, ayant autant de raisons spécieuses que les coursiers ont de frénétiques hennissements. »

Celui-ci s’appelait Louis-Gontard il s’intitulait candidat provincial et il aspirait à représenter la province à lui tout seul ; celui-là se nommait Bastier : il se déclarait « menuisier, barde du 71e régiment de mobiles, consécrateur des hautes œuvres municipales et gouvernementales. » Cet autre, nommé Rue-d’Estrem, était le candidat célibataire :