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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/123

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A quiconque me tiendrait ce langage, je répliquerais : Bas le masque ! On vous reconnaît à votre rhétorique, charlatan industriel, écumeur de bourse, peste financière, vil parasite. Oui, retirez-vous, délivrez le travail de votre odieuse présence. Car votre règne s’en va, et si vous ne savez faire œuvre de vos dix doigts, vous courez risque de mourir de faim.

Aux simples que séduit toujours l’éloquence de la réclame, je dirai : Comment ne comprenez-vous pas que, s’il fut un temps où l’homme cultivateur demandait son nécessaire à la bêche, plus tard, quand il se fut multiplié, il dut le demander à la charrue, et que c’est par l’effet du même développement qu’il a été amené de nos jours à le demander à la mécanique, au navire à vapeur et à la locomotive ? Avez-vous calculé ce qu’il faut de richesse pour entretenir, sur une surface de vingt-huit mille lieues carrées, trente-sept millions d’âmes ? Travaillez donc, car si vous vous relâchez, vous tomberez dans l’insuffisance, et au lieu de ce luxe que vous rêvez, vous n’aurez pas même le strict nécessaire. Travaillez, augmentez, développez vos moyens ; inventez des machines, cherchez des engrais, acclimatez des animaux, cultivez de nouvelles plantes alimentaires, faites du drainage, reboisez, défrichez, arrosez et assainissez ; semez du poisson dans vos fleuves, dans vos ruisseaux, dans vos étangs et jusque dans vos mares ; ouvrez des houillères ; purifiez l’or, l’argent, le platine ; fondez le fer, le cuivre, l’acier, le plomb, l’étain, le zinc ; filez, tissez, cousez, fabriquez des meubles, de la poterie, du papier surtout et rebâtissez vos maisons ; ouvrez-vous des débouchés, faites des échanges et révolutionnez vos banques. Tout cela est à vous fort avisé. Et ce n’est pas tout que de produire, il faut, ainsi que je vous l’ai recommandé, que le service soit réparti entre tous selon les facultés de chacun, et le salaire de chaque travailleur pro-