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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/183

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et question de l’esclavage ; question du commerce libre et question du commerce obligatoire ; question de la vie et de la mort des États et question de leur succession ; question de leur indépendance absolue et question de leur soumission à une diète suprême.

Les gouvernements, c’est une justice à leur rendre, redoutent la guerre et font les plus grands efforts pour s’y soustraire. Mais ils sont forcés de la prévoir, de s’y préparer : il n’en faut pas davantage pour qu’elle éclate.

Qu’y a-t-il cependant sous ces questions de haute politique, dont on peut hardiment défier la diplomatie en masse de résoudre, à la satisfaction commune des intéressés, une seule ? Que couvre cet immense imbroglio, qui depuis quinze ans consume les peuples d’angoisse, en attendant qu’il les décime par la guerre ?

Je l’ai dit, et chacun peut aisément s’en rendre compte : le paupérisme. Ici, j’ai bien peur qu’on ne me reproche de redire trop souvent les mêmes choses. Mais les faits sont si patents, si persistants ; ils jettent sur la situation contemporaine et sur toute l’histoire antérieure une lumière si vive ; il s’agit pour l’Europe entière d’un si haut intérêt, que je me croirais digne de la réprobation du lecteur, si, par une vaine délicatesse littéraire, je négligeais rien de ce qui peut porter dans l’âme des autres la conviction qui remplit la mienne.

Confessons-nous, peuples de l’Europe, les uns les autres, et nous ne seront pas loin de nous tendre une main fraternelle.

Les travailleurs de février, en proclamant par un seul et même acte le suffrage universel et l’émancipation du prolétariat, ont fait ce qu’avaient fait avant eux les Sans-Culottes de 1793, ce que firent au seizième siècle les paysans de la Réforme, au quinzième les Hussites, au quatorzième les Jacques, au treizième les Bons hommes, au douzième