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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/184

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les Albigeois. Ils ont mis le doigt sur la plaie, disant : La cause de la guerre, comme de toute révolution, est une question d’équilibre, non pas politique ou international, mais économique. Les travailleurs de février ont été vaincus en juin 1848 et décembre 1851 : le fait dénoncé par eux en subsiste-t-il moins, et l’influence de ce fait sur le gouvernement en est-elle moins réelle ? Tant qu’a duré la Présidence, les choses ont été comme suspendues : situation violente, dont chacun se promettait de sortir aux élections de 1852. Le coup d’état du 2 décembre n’a fait qu’anticiper la solution : examinons ce qui a suivi.

Je n’ai nulle envie de faire la critique du gouvernement impérial. Au point de vue qui m’occupe, je puis dire sans faiblesse comme sans flatterie que le gouvernement impérial a fait ce que tout autre eût fait à sa place : il a été l’expression de la pensée universelle, comme il était le produit du suffrage universel. Il n’y a rien à lui reprocher. C’est une doctrine que j’oppose à une doctrine, ou si l’on aime mieux, un paradoxe que je mets en regard d’un préjugé. Solliciter la raison publique, ce n’est pas attaquer le gouvernement.

La question du travail et du paupérisme posée, deux modes de solution se présentaient : l’une qui consistait à pousser au développement de la richesse, à provoquer la production en multipliant les entreprises, le crédit, les voies de circulation, etc., etc. ; l’autre qui consistait à ramener sans cesse, par une meilleure application du droit et une plus haute intelligence des principes de 89, les classes extrêmes vers cette condition moyenne que nous avons signalée comme l’expression même de l’ordre.

La première de ces solutions avait la faveur, non seulement de la bourgeoisie mais des masses, non seulement des théories en vogue mais de l’opinion. — Nous ne produisons pas assez, s’écriait-on de toutes parts ; nous ne