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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/185

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tirons pas du sol tout ce qu’il peut rendre ; nous laissons dormir nos capitaux. Il ne s’agit pas de rogner les habits, mais d’allonger les vestes… Le mot fit fortune. Il y avait dans ce système quelque chose de fraternitaire, en apparence, en même temps que d’entreprenant, de conquérant, qui devait ravir conservateurs et démocrates et entraîner le gouvernement.

L’autre solution se présentait sous un aspect sévère.

Elle n’excluait pas le développement à donner à l’industrie, à l’agriculture et au crédit ; mais, sans compter qu’elle l’eût attendu de la liberté plutôt que du pouvoir, elle n’avait garde d’en espérer pour les masses ouvrières richesse et luxe ; elle savait, d’un côté, que la somme des valeurs se proportionne toujours à celle des subsistances, et les subsistances aux besoins ; d’autre part que, le régime restant le même, le surcroît de production ne profiterait toujours qu’à un petit nombre, en supposant qu’il profitât à quelqu’un ; et elle se bornait à promettre aux citoyens, en récompense d’un perpétuel travail et d’une frugalité persévérante, que la liberté et l’égalité !… Au reste cette théorie ne fut même pas proposée. Elle était au fond de la pensée républicaine ; mais elle ne se dégagea pas des formules politiques et des préoccupations qui l’enveloppaient. Quelques allusions y ayant été faites on cria à la spoliation ; on dit que la république au lieu d’enrichir les pauvres voulait encore appauvrir les riches, mettre tout le monde à la misère, etc.

Pour satisfaire à la fois aux exigences conservatrices et aux besoins du prolétariat le gouvernement impérial a donc fait deux choses : il a donné l’impulsion aux grandes entreprises, aux sociétés par actions, et commencé par tout l’empire des travaux immenses. Ce mouvement dure encore. En agissant ainsi le gouvernement impérial n’a fait, je le répète, qu’obéir aux préjugés régnants : il n’a pas