Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cru, il lui était défendu de penser, comme le prétendaient certains novateurs, que le remède au paupérisme fût dans le rétablissement de l’équilibre entre les services et les salaires, dans une répartition plus équitable des produits, dans un abaissement progressif de l’intérêt et de l’escompte, dans l’extinction des dettes, dans la participation du fermier à la rente du sol ou du moins à sa mieux-value, dans l’association ouvrière, dans la prestation des services publics a prix de revient, dans l’abolition du parasitisme, finalement dans le retour à la vie frugale. Il a cru, sur la foi des empiriques, que le vrai remède était dans une augmentation de la richesse qu’il dépendait de lui de créer, et il a déterminé, par ses concessions et ses encouragements, par ses commandes et ses travaux, une surproduction qui devait selon lui entraîner la société et procurer à tous le bien-être, sinon la fortune.

C’est une opinion répandue parmi les ouvriers de Paris que, quand l’industrie du bâtiment va bien, tout va bien. Le gouvernement impérial semble avoir raisonné, non seulement du bâtiment, mais des constructions de chemins de fer, des canaux, des mines, etc., surtout des banques, comme les ouvriers raisonnaient du bâtiment. Faites des chemins de fer, des canaux, des routes, lui criaient ses ingénieurs, et les moyens de transport appelleront la marchandise ; ouvrez des houillères, et la houille fera construire des machines à vapeur, et les machines vous rendront des produits ; organisez le crédit, et le capital prêté vous apportera la richesse ; bâtissez, démolissez, et l’argent répandu dans la multitude ouvrière fera aller votre commerce. Personne ne paraît avoir réfléchi que, si le développement exagéré d’une ou de plusieurs industries donne toujours une certaine impulsion aux autres, cette impulsion factice ne se soutient pas ; qu’en effet les services se proportionnent les uns aux autres, mais que tous en-