Aller au contenu

Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’heure pour l’Angleterre, d’en finir avec l’unité française, cause première du militarisme français et des inquiétudes de l’Europe. Ici point d’aristocratie à déraciner : il s’agit, en poussant à sa dernière conséquence le principe d’égalité, si cher au peuple, d’opérer le démembrement du pays.

La nation étant donc désarmée, les forteresses et les ports détruits, les arsenaux vidés, les vaisseaux de guerre confisqués, toutes les dettes abolies, dette publique, dette hypothécaire, dette commanditaire, dette chirographaire ; une contribution de guerre de quelques centaines de millions frappée sur la bourgeoisie ; la terre serait livrée aux paysans, par lots incessibles et inaliénables, et moyennant une redevance égale à peu près à 50 % de la rente du sol ; les transports, les manufactures, les banques, les mines, la marine, organisés en services publics, et la classe travailleuse appelée, à la place de la bourgeoisie rentière et commanditaire, aux bénéfices des exploitations. Pour plus de sûreté, on abolirait les grandes industries du pays, ne lui laissant que les articles de luxe et de goût, pour la production desquels le positivisme anglais ne peut lutter avec la délicatesse française. C’est ainsi qu’à la place de ses anciennes écoles d’artistes et de ses corporations de métier, l’Italie a des fournisseurs de marbrerie et de peinture, pour l’exportation à l’étranger. Sur les profits de l’agriculture, du commerce et de l’industrie, partie serait réservée pour les frais des nouveaux États, partie payée à l’ennemi, à titre de tribut.

Ces mesures générales prises, on procéderait à la division de l’empire français en douze régences indépendantes, ayant chacune pouvoir législatif et pouvoir exécutif nommés par le peuple ; plus, université, organisation judiciaire, banque centrale, bourse, etc. Les nationalités absorbées dans l’empire français seraient rappelées à la vie : Nor-