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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/229

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dition économique actuelle des nations, et précisément en raison de leurs rapports économiques, que la ruine et la dissolution d’une société, que l’expropriation d’une nation tout entière apparaisse comme le seul moyen de mettre un terme à l’effusion du sang. Or, nous avons cité les paroles des auteurs : pour réduire un ennemi opiniâtre et toujours renaissant, tous les moyens que fournit la victoire sont licites, la dissolution de l’État, le partage du territoire, l’enlèvement des colonies, l’expropriation des citoyens. C’est ainsi que le tiers-état en a usé pendant la révolution vis-à-vis du clergé et de la noblesse : pourquoi une nation n’en userait-elle pas de même vis-à-vis d’une autre nation ? Et pourquoi, enfin, ô sagesse profonde du Journal des Débats, si jamais la guerre se rallume entre la bourgeoisie et le prolétariat et que celui-ci soit le maître, pourquoi le prolétaire n’userait-il pas aussi de la victoire vis-à-vis du bourgeois ? Patere legem quam ipse docuisti, vous dirait-il. Et vous, vous répondriez en baissant la tête : Tu l’as voulu, Dandin : Merito hæc patimur.

Ce qui me reste à dire de la conquête et du caractère qu’elle tend à prendre dans les temps modernes, rendra ces appréhensions encore plus plausibles.