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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/230

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CHAPITRE XI


CE QUE LA CONQUÊTE TEND A DEVENIR : RÉDUCTION DE LA GUERRE A L’ABSURDE.


L’homme a rarement le courage de ses idées. Cette paresse d’exécution est le principe de bien des inconséquences ; elle est aussi une sauvegarde contre bien des fureurs. Malgré le verbiage des légistes, la rhétorique des historiens et la jactance des militaires, le doute s’est glissé dans les esprits. On ne s’est pas demandé, avec la précision que j’y ai mise, ce que c’est en soi que le droit de la guerre ; quel en est le principe ; quelles sont les conditions de son exercice ; jusqu’à quel point il est permis de saccager et d’occire ; si, par conséquent, la spoliation du vaincu a rien de commun avec les lois et l’objet politique de la guerre, et s’il est tel cas qui puisse autoriser la destruction d’une nationalité et l’expropriation de tout un peuple, comme je viens d’en faire, dans le précédent chapitre, l’hypothèse. Ces questions, et bien d’autres que soulève l’idée si ridiculement méconnue d’un droit de la force, dorment ensevelies dans la conscience des peuples.

Mais, à défaut d’une critique savante, l’influence géné-