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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/264

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à propos de la campagne de Flandre : sa politique, ses manifestes et toutes ses allégations scandalisèrent le monde, et il eut de plus que Louis XIV la honte de l’insuccès. Mais l’historien philosophe ne peut s’arrêter à ces jugements ad hominem ; il doit aller au fond des choses, et suppléer au besoin, par son analyse, à la faiblesse des considérations présentées par les auteurs des événements qu’il raconte.

Si Napoléon, attestant hautement la révolution française et prenant l’Europe à témoin de sa parole, avait dit aux Espagnols :

« Les nécessités de la guerre que je soutiens contre la Grande-Bretagne, dans l’intérêt de la liberté des mers, du commerce et de la sécurité des nations ; le salut de mon empire ; l’observation des traités que j’ai conclus avec la plupart des puissances et qui sont le juste prix de mes victoires ; le triomphe de la révolution, enfin, dont je tiens d’une main l’épée et de l’autre le bouclier, exigent que l’Espagne entre à son tour dans mon système. A ces fins, Espagnols, il faut que je renouvelle votre dynastie et que je révolutionne votre société. Pour le surplus, je n’en veux pas à votre nationalité ; je n’exige de vous aucune subvention d’hommes ni d’argent, je n’entends pas m’attribuer un kilomètre carré de votre territoire. Vous choisirez vous-mêmes votre nouveau souverain. Tout ce que je demande, c’est que vous gravitiez dans mon orbite, que vous suiviez ma politique et que vous adoptiez nos principes ; sinon, préparez-vous à lutter, en rase campagne et dans vos forteresses, contre mes invincibles soldats… »

A ce manifeste, aussi franc qu’énergique, Napoléon aurait pu ajouter ces prophétiques paroles :

« Vous tenez à votre indépendance, à votre dynastie, à votre religion ; la révolution vous épouvante, et vous nous regardez en ce moment comme des hérétiques et des