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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/278

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pas, et la confusion qui règne dans les relations internationales était peu faite pour nous y encourager.

Une réforme de la guerre, avons-nous dit, aurait ses analogues dans toutes les réformes qui d’âge en âge ont renouvelé, soutenu les institutions de l’humanité. Le progrès des mœurs et des lumières nous y porte, la conscience du guerrier y incline, l’honneur de la civilisation la réclame. Cette réforme est-elle possible ?

Afin de nous éclairer sur cet objet, nous avons recherché quelle était la cause suprême, universelle, de la guerre, cause dont toutes les considérations politiques, religieuses et autres, successivement alléguées par les parties belligérantes, ne pouvaient être que des expressions variées, selon les temps, les lieux et les mœurs. Et nous avons trouvé qu’en effet tous les motifs ou prétextes de guerre se ramènent à une question d’intérêt, soulevée par cette lèpre jusqu’à présent réputée indélébile, le paupérisme. Tout notre quatrième livre a été consacré à la démonstration de cette thèse.

De prime abord cette découverte, aussi triste que grave, n’avait cependant rien qui dût nous faire désespérer d’une réforme. Autre chose après tout sont les intérêts, dont les États ne sont que les protecteurs et les représentants, et autre chose la guerre, qui a pour but de décider à qui, parmi tant d’agglomérations rivales, il appartient de centraliser, protéger et régir ces mêmes intérêts. Autre chose, par conséquent, est le droit sévère, immaculé de la guerre, et autre l’esprit de rapine qui s’y mêle. L’économie politique n’est pas plus le royaume de l’escroquerie et de la mauvaise foi que la politique ; pourquoi la guerre, traitant de haut et sous des formules politiques des questions économiques, en serait-elle nécessairement dépravée ?

Le droit de la guerre, ramené à ses vrais principes, nous venait lui-même en aide. Le droit de la guerre ayant