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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/280

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Comment sortir à présent de cette difficulté ? Les litiges internationaux ne font que croître et se multiplier ; et nous savons combien peu la diplomatie réussit à les vider. D’un autre côté la guerre est irréformable.

C’est ici que nous avons émis une proposition aussi parlementaire que philosophique et juridique, proposition qui d’ailleurs n’a rien en soi de contraire au droit de la force :

Il est évident, avons-nous dit, qu’au lieu d’un problème à résoudre, nous en avons deux : un problème politique, concernant la formation, la délimitation et la dissolution des États, c’est celui que la guerre s’est chargée de résoudre ; et un problème économique, relatif à l’organisation des facultés productrices et à la répartition des services et des produits, problème dont ni la guerre, ni l’État, ni la religion elle-même, ne se sont jusqu’à ce jour occupés.

Puis donc que, d’après la démonstration que nous avons faite de la cause de la guerre, le problème économique est antérieur et supérieur à l’autre et qu’il le domine, il faut de toute nécessité qu’avant d’entamer le débat sur les questions de politique internationale, dont la décision est réservée à la guerre, nous commencions par nous éclairer un peu plus que nous ne le sommes sur nos rapports économiques. Sans cela, nous ne ferons en combattant que tourner dans le cercle ; nous ne connaîtrons jamais notre droit dans sa plénitude ; nous resterons suspects les uns aux autres ; nous ne saurons même pas pourquoi nous armons, pourquoi nous nous disons les uns catholiques, les autres protestants ou libres penseurs ; pourquoi nous formons une nationalité de ce côté-ci du Rhin et une autre de ce côté-là ; pourquoi il y a parmi nous des royalistes et pourquoi des républicains ; si la démocratie est la liberté, ou si c’est le despotisme.

Cette étude est d’autant plus indispensable, avant toute