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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/289

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l’homme lui-même ? La vie est-elle mauvaise, parce qu’elle est souvent troublée par les maladies et qu’elle se termine par la mort ?

» 2. — On reproche à la guerre son origine peu glorieuse, ce paupérisme endémique dans l’humanité, en termes moins flétrissants, le défaut d’équilibre économique. Nous admettons cette origine, qu’on ne saurait nier sans mentir à l’évidence. Qu’en peut-il résulter contre la guerre ? Qu’en toute chose les commencements sont pénibles, disgracieux, souvent ignobles, quelquefois coupables. Autant en peut-on dire de toute législation, de toute institution, de toute justice, civile et pénale. Le mariage ne fut d’abord qu’une fornication brutale, pour ne pas dire un viol. Le mariage en est-il moins réputé sans tache ? Quant à l’hypothèse, sous-entendue par les adversaires du régime guerrier, d’une constitution économique de l’humanité qui équilibrerait les forces, éteindrait le paupérisme, et, supprimant la cause de la guerre, l’abolirait elle-même, c’est une utopie que toutes les civilisations, toutes les périodes historiques se transmettent, comme elles se transmettent les rêves de fraternité et d’égalité, et que nous n’avons pas même besoin de réfuter.

» 3. — Une raison plus sérieuse, si elle était fondée, serait celle qui se tire de la subordination de l’idée politique à l’idée économique. Assurément l’importance des intérêts économiques est devenue, depuis trois siècles, colossale ; et l’on ne peut nier que la participation des masses, bourgeoisie et peuple, au gouvernement, n’en ait été partout la conséquence. La direction des états en est devenue plus compliquée, plus difficile ; la politique s’est éloignée, plus qu’elle n’avait fait jamais, des vieilles maximes de la raison d’état ; elle a dû se faire d’autres règles et compter davantage avec les lois de l’utile et les prescriptions du droit. S’ensuit-il que la politique soit réelle-