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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/290

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ment subordonnée à l’économie ? En aucune façon. Si les convenances d’en bas ont été plus consultées, l’initiative d’en haut s’est fortifiée dans la même proportion. Entre autres preuves on peut citer la tendance à l’unité et à la centralisation, commune à tous les états de l’Europe. Au principe de divergence, qui est celui de l’économie, s’oppose le principe de concentration, qui est celui de la politique. L’un appelle l’autre : ce qui revient à dire que si le travail est la condition d’existence des nations, la guerre est la forme et la condition des états, que par conséquent elle reste prédominante, et qu’elle est éternelle.

» 4. — L’argument tiré du progrès n’est pas plus juste. Toujours faire la guerre ! s’écrie-t-on. L’esclave a conquis sa liberté, l’homme et le citoyen ont fait reconnaître leurs droits, les nations ont fait prévaloir leur souveraineté. Le contribuable vote l’impôt ; le mercenaire peut devenir maître ; la femme est presque l’égale de l’homme : pourquoi les nations ne passeraient-elles pas de l’état de guerre à un état de paix définitif ? — Comme si le progrès consistait à développer les êtres contrairement à leur nature, et non pas suivant leur naturel Dans les exemples précédents la transition dérive de la nature même de l’être et de 6es lois : c’est ce que la philosophie, la jurisprudence, la guerre elle-même, par les jugements qu’elle a été appelée à rendre, ont établi. Mais qu’est-ce donc qui prouve que l’humanité, guerrière pendant sept ou huit mille ans, et de plus en plus guerrière, doive changer tout à coup sa nature, et, en moins d’une génération, parce qu’elle s’est donné des chemins de fer, des institutions de crédit, des télégraphes électriques, doive passer, sans autre forme de procès, de cet état chronique de guerre à un état encore inconnu et parfaitement indéfinissable de paix ?

» 5. — On allègue, comme nécessité d’un tel progrès, l’inutilité, au point de vue du profit, des conquêtes. Le pillage,