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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/296

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condamnée, sous le nom de quiétisme, par l’Église de Jésus-Christ.

« Prenons-en donc notre parti bravement ; et, sans tant philosopher, chose malsaine pour un être dont la destinée est d’agir, sachons nous montrer hommes dans toutes les fortunes.

« Quand la puissance secrète qui dirige vers une fin inconnue toutes les créatures, Dieu ou démon, a décidé que nous devons nous battre, il n’est raison, morale ou charité qui tienne : la guerre est inévitable. L’immoralité serait alors de vouloir y échapper. Faisons-la donc, cette guerre, généreusement, vite et bien, et ne songeons qu’à nous honorer dans la défaite comme dans la victoire. Le mal n’est pas de donner la mort ni de la recevoir ; c’est de vivre dans la lâcheté et l’abjection.

« Au contraire, cette même puissance, satisfaite ou repue, trouve-t-elle qu’il y a assez de sang répandu, la paix devient à son tour une conclusion forcée. Plus de conquérants, plus de héros ; tout conspire pour faire tomber les armes. Les orgueils fléchissent, les haines s’adoucissent, les courages se paralysent, les intérêts, auparavant inexorables, se détendent ; les idées pour lesquelles on se battait, jusque là incompatibles, se montrent conciliantes. La contradiction a disparu comme par enchantement. Faisons la paix alors, et jouissons-en sans mollesse, comme sans illusion. »