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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/305

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leur, ingénieur, tacticien et stratège. Pendant les quatre jours que dura la bataille, les insurgés avaient appris à se retrancher, à élever des remparts, à fabriquer de la poudre, à fondre des balles, des canons et des boulets. A cet égard, on peut dire que l’armée ne fait de progrès qu’à la faveur de l’industrie, et que les classes ouvrières, si leur pensée se tournait vers la révolte, seraient toujours en avance de l’artillerie et du génie et triompheraient de toutes les armées. La guerre, en un mot, s’industrialise de plus en plus : comment ne compterait-elle pas avec l’industrie, dont elle ne saurait seulement se distinguer ?

Il est évident, pour qui considère avec attention l’ensemble du mouvement guerrier, qu’il y a tendance de l’humanité non point à une extinction, mais à une transformation de l’antagonisme, ce que l’on est convenu, dès le commencement des sociétés, d’appeler la Paix. Cette prévision va devenir une certitude, si, après avoir retracé sommairement ces évolutions de la guerre, nous lui en demandons à elle-même l’interprétation. Ici, ce n’est plus la raison de l’historien, c’est le droit de la guerre lui-même qui va parler.

La guerre a pour but de déterminer à laquelle de deux puissances en litige appartient la prérogative de la force. Elle est la lutte des forces, non leur destruction ; la lutte des hommes, non leur extermination. Elle doit s’abstenir, en dehors du combat et de l’incorporation politique qui s’ensuit, de toute atteinte aux personnes et aux propriétés. Nous n’avons plus à démontrer ces choses : la critique que nous avons faite des formes de la guerre et de sa cause originelle a répandu sur tous ces points la plus vive lumière ; nos adversaires eux-mêmes se rallient à ces principes.

Il suit de là que l’antagonisme, que nous acceptons comme loi de l’humanité et de la nature, ne consiste pas