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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/334

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dant quatre mille ans par la guerre, ne forment plus qu’une pâte ; c’est, en un mot, que la guerre est arrivée à la fin de son œuvre, et que la parole est à l’économie politique, à la paix.

Si l’on en croyait certains politiques, le gouvernement impérial déclarerait la guerre à l’Europe pour obtenir la reconnaissance des nationalités. Comment ne voit-on pas au contraire que la guerre, si elle devenait générale, ne pourrait avoir d’autre résultat que de réduire encore le nombre des nationalités indépendantes, en créant pour toute l’Europe une sorte de duum, ou quatuor-virat, formé par exemple de la Russie et de la France, ou bien de la Russie, de la France, de l’Allemagne et de l’Angleterre, autour desquelles toutes les puissances de second et troisième ordre, si elles n’étaient tout à fait incorporées, graviteraient comme des satellites ? C’était la pensée secrète de Tilsitt, que ni la France ni la Russie n’ont oubliée sans doute. Alors disparaîtrait, dans ces vastes agglomérations, avec la nationalité la liberté : ce serait fait de la révolution.

Trois noms, trois ombres, ont le privilége d’émouvoir l’opinion à l’aide de ce mot rapporté d’outre-tombe, la nationalité : ce sont l’Italie, la Hongrie, la Pologne.

Que les populations de l’Italie revendiquent les libertés et les garanties constitutionnelles, rien de plus juste. C’est la pensée de 1815 et de 1789, le vœu de l’Europe entière. A cet égard, Napoléon III et Victor-Emmanuel, en s’armant contre l’Autriche, n’ont fait que se conformer à l’opinion du siècle, à l’esprit des traités, que l’Autriche, par sa politique rétrograde et sa tendance envahissante, violait. Mais de là à prétendre que les divers États de la Péninsule, sous prétexte de nationalités, se résolvent en un État unique ; que, pour hâter cette résolution, la France doive armer de nouveau à l’appel du Piémont et rappeler