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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/338

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attendant qu’elle devînt une guerre chaotique, la guerre de ceux qui ne possèdent pas contre ceux qui possèdent.


Le pouvoir spirituel et la guerre. — En dehors des questions de liberté politique et d’équilibre international, tombées dans la banalité et devenues même secondaires, il reste à la démocratie française une initiative à prendre qu’aucune puissance ne lui dispute : c’est, avec la constitution du droit économique, la création d’un nouvel ordre spirituel.

Chose digne de remarque, la fin de la période de guerre coïncide avec la fin de la mission chrétienne. C’est qu’en effet le symbolisme théologique est une émanation de la pensée guerrière, et qu’ainsi la même révolution qui a aboli le droit divin, doit abroger la juridiction de la force.

Il appartenait à des organes de cette révolution de résumer la question du gouvernement papal, et de dire à la France : Que, comme dans l’individu l’âme commande au corps, ainsi dans la société et dans l’État le spirituel commande au temporel ; qu’il en fut ainsi dans toutes les sociétés antiques, où les deux pouvoirs restèrent unis, jusqu’à l’avènement du christianisme ; que le christianisme, en distinguant les deux pouvoirs, n’a ni rompu, ni changé, ni interverti leurs rapports ; que dès le temps des apôtres les évêques, gardiens de la foi, chefs de la communauté spirituelle, étaient aussi les juges et les administrateurs de ses intérêts ; que le communisme primitif ayant été aboli, ils n’en demeurèrent pas moins les régulateurs des mœurs, et par là les juges indirects de toutes les transactions sociales ; qu’ils réglaient les différends, recevaient les dons, distribuaient les aumônes, administraient les biens d’église et les hospices, instruisaient la jeunesse ; qu’après la victoire de Constantin sur Maxence la puissance de l’épiscopat ne fit que s’accroître ; que, l’empire tombé, l’évêque de Rome devint le vrai souverain de l’Italie et le