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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/112

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Il flottait une odeur d’ammoniaque, saine et forte, un peu grisante.

Les jeunes ont sellé trois vieux sous-verges, et ils entrent dans le manège. Vincent trottine de son mieux, attentif aux commandements :

— Individuellement,… tournez… Successivement, … volte… Partez au trot…

Soudain la lourde porte du manège s’ouvre.

Le sous-officier commande :

— Garde à vous !

Et le capitaine Nangès paraît à cheval, s’arrête au milieu du manège.

— Continuez, dit-il au maréchal des logis. Et les rênes sur l’encolure du cheval, il roule une cigarette, en regardant ses hommes d’un œil aigu. Vincent a de la peine à détourner de lui sa face. Il lui semble une sorte de héros, un homme d’une autre espèce, si lointain, éloigné encore par l’immense différence de grade, et pourtant encore très près de son âme. Devant ce chef, il a le désir de bien faire. N’est-ce pas pour lui qu’il a quitté le foyer et qu’il est venu là, dans l’espoir de le suivre un jour, de s’attacher humblement et fidèlement à sa fortune ?

Le capitaine Nangès, dans une piste inté-