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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/113

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rieure, fait partir sa jument au galop. Ce Nangès, il est là chez lui, et son cœur est là aussi. Quand il est près de Valérie, il sent tout l’abîme entre lui et elle, et qu’il n’y a pas d’entente possible. Mais là, sans paroles, sans gestes, il s’accorde avec ses hommes, son cœur se donne tout entier.

Il est plus près d’eux que de tout. Napoléon aussi aimait ses grenadiers par-dessus toutes les femmes, et elles ne le lui ont point encore pardonné ; mais cet amour-là est d’un soldat.

Au bout de quatre tours de manège, le capitaine s’arrêta, appela le sous-officier, lui donna quelques instructions, et continua à faire galoper doucement la bête en sueur. Le « margis », au milieu du vaste rectangle, interpellait durement ses hommes. Vincent, malgré sa bonne volonté, se fit traiter d’ « emplâtre » :

— Le corps en arrière, criait l’instructeur. Rentrez la pointe du pied !

Lui, il admirait la grâce équestre, la parfaite aisance de son capitaine, et il prenait une triste conscience de son infériorité.

Après la classe de manège, il y avait une séance de voltige. Nangès descendit de cheval. Il regarda les jeunes gens, maladroits encore,