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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/114

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s’accrocher à la crinière du cheval paisible qui décrivait un cercle au bout de la longe maintenue par le sous-officier. Là, Maurice reprenait ses avantages. Il était souple et hardi, et cette grosse jument blanche ne l’effrayait pas du tout…

Nangès ne disait rien. Dans le service, il était un homme froid, bon et brusque. Ce causeur disert et renseigné était, dans son métier, avare de paroles comme de gestes. Jamais il ne se permettait un éclat de voix. Toujours ce ton un peu traînant, presque en sourdine, qui forçait l’attention. C’est ainsi que ses particularités physiques elles-mêmes lui servaient dans la conduite et la domination des hommes.

Nangès ne disait rien. Ce petit Vincent l’intéressait… Depuis qu’il l’a vu pour la première fois au quartier, il n’a point reparlé au jeune homme. Maurice le voit comme dans un rêve, assistant un instant aux manœuvres, sans dire un mot, réunissant seulement ses sous-ordres pour quelques brèves indications.

Pourtant le capitaine ne cessait d’observer avec attention l’enfant-soldat qui ne s’en doutait guère. Quelle belle occasion d’enquêter sur l’état moral de la France ! Voilà un jeune