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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/115

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homme dont il connaît les parents, le pays, l’ambiance. Il a suivi ses premiers pas, et le même, il le retrouve tout à coup, orienté vers un but où rien ne semblait le conduire.

Mais Timothée se soucie peu d’enquêter. Ce qu’il aime en Maurice, c’est un jeune Français, d’une heureuse constitution physique, et dont il se plaît à suivre les harmonieux mouvements. C’est une œuvre d’art parfaite, et qui l’émeut, puisqu’elle est faite de la même argile que lui. Il sent qu’une secrète fraternité les unit ; que celui-là aussi sera son ami dans les seules heures qui comptent pour le soldat. Quelle grande et fine tendresse que celle-là, et qui dégrade tout le reste !

Et puis, il y a Voulangis, le beau pays de là-bas. Nous aimons la grande patrie avec l’esprit et la petite avec le cœur. Vincent, pour Timothée, est comme un morceau détaché de cette patrie. Il en est le mystérieux ambassadeur, et, à l’heure du découragement, il vient lui apporter la bonne parole :

— Regarde-moi. Je suis le sol natal, plein de jeunesse et d’espoirs. Cesse de te plaindre. Je viens à toi et tu me connais : je suis la Force et la Vertu. Crois en moi…