Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/116

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Le dimanche suivant, Nangès alla à la grand’messe. Il s’y rendait toutes les semaines. Ce n’était pas qu’il fût très fort sur cet article-là. Il n’avait jamais eu le loisir de s’occuper de la religion, et d’ailleurs, ce modeste ne se croyait pas assez de lumières pour juger la foi de Pascal et de Chateaubriand, que lui avaient transmise ses parents. Il était un bon chrétien, mais que le poids de ses péchés n’accablait pas. Seulement, il entendait affirmer sa liberté de conscience et il ne manquait pas un dimanche de paraître à l’office. Un peu par esprit de contradiction, un peu par plaisir, car il aimait les cérémonies de l’Église, un peu aussi par protestation contre ce qui est dérèglement de la vie et violence faite à la pensée.

De la messe dominicale, Timothée Nangès recevait, toutes les semaines, un enseignement très net (et ainsi il pensait ne pas perdre tout à fait son temps), une impression, — mais qui était un enseignement. Il admirait que la foi fût encore, après tant d’efforts, les uns nobles et empreints de sincérité, les autres entièrement dignes, il est vrai, de notre mépris, après tant de persécutions, il admirait que la foi fût vivace encore au cœur de la race. Après deux