Aller au contenu

Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/217

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un prêtre zélé, et non pas seulement un prêtre consciencieux.

— Je proteste, je suis zélé…

— Oui, vous aimez à apprendre la guerre. Vous y mettez tous vos soins, tout votre zèle. Vous aimez l’étude de la guerre. Mais vous blâmez ceux qui veulent la faire. Tout vous plaît dans le métier, sauf une chose : c’est le but lointain à quoi il tend. Vous posez gaillardement des prémisses, mais la conclusion vous effraie. Tant est effroyable, en effet, et inconcevable l’idée de la force, l’idée de l’emploi et de la domination de la force.

— Faites attention, Labastière, dit le Marsouin. Vous nous conduisez insensiblement à l’apologie du césarisme.

— J’ignore ce qu’est un soldat césarien, et j’ignore ce qu’est un soldat républicain et ce qu’est un soldat non républicain. Mais je tâche de savoir ce que c’est qu’un soldat. Et je crois me sentir plus en sécurité dans mes retranchements que vous ne devez l’être dans les vôtres. Que ce métier doit vous paraître au fond une lamentable chose, qui vous ballotte entre les rêves du passé et les réalités du présent ! Qu’il doit vous peser, quelque-