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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/232

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ses parents, il apportait une bouffée de jeunesse. À chaque étape de sa vie, Mme Nangès le retrouvait pareil, inchangé, et comme elle revoyait le jeune homme d’autrefois, elle en tirait un surcroît de tendresse émue. Là, près de cette bonne femme, dans le cadre même de son enfance, l’homme d’aujourd’hui reprenait pied, se débarbouillait de ces mensonges que les plus sincères portent en eux. Réconforté, il ne voulait plus voir que des images heureuses qui s’accordassent avec son besoin de juvénile épanchement.

Le lendemain de son arrivée était un dimanche. L’été commençait. C’est-à-dire que l’hiver finissait, car il n’y avait pas eu de printemps. De brouillards en giboulées, on s’était acheminé jusqu’au seuil même de l’été, et les Parisiens s’étonnaient d’avoir rencontré les beaux jours en même temps que les vacances. Il y avait des tas de gens dans les rues. C’était un de ces beaux dimanches de la ville, emplis d’animation décente, de joie tempéré* d’aimable flânerie.

Nangès ne put s’empêcher d’aller frapper à la porte du vieux Servat avant que d’aller voir le colonel. Il rencontra le maître dans son escalier.