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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/253

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de proche en proche, où tout le monde était complice. Et chacun était content, parce que le voisin l’était…

Vincent se souvint à propos de l’ordre que lui avait donné son capitaine. Il attendit avec impatience que la visite des chevaux fût terminée pour se rendre au presbytère. Quand il y arriva, le capitaine, installé dans une chambre surannée et pittoresque, écrivait à une table ronde recouverte d’un tapis à guipure blanche, selon la mode des vieilles provinces.

Timothée continua d’écrire quelque temps. Puis posant sa plume, et levant les yeux vers le jeune homme, il lui dit :

— Assois-toi là. Je t’ai fait venir pour t’annoncer une bonne nouvelle. J’ai vu chez le colonel que tu étais au tableau pour le grade de maréchal des logis. Tes officiers sont contents de toi. Si tu travailles bien, je pense que dans un mois tu pourras étrenner ton galon d’or.

Le jeune homme, depuis deux jours, pensait à des choses plus lointaines. Pourtant, à ces mots de Nangès, il rougit de plaisir, remua les lèvres, tandis que Nangès poursuivait son discours :